Comment ont évolué les espaces ruraux en Bourgogne-Franche-Comté ?

Parfois attractifs, souvent isolés, toujours en évolution, l’INSEE de Bourgogne-Franche-Comté a publié ce jeudi soir un rapport sur l’évolution des espaces ruraux dans la région.

28 juin 2019 à 4h30 par la rédaction

K6 FM
Crédit : Photo dillustration K6FM

Élément structurant du paysage régional, l’espace rural de Bourgogne-Franche-Comté poursuit sa transformation face aux grands pôles urbains qui absorbent de plus en plus l’essentiel de la population et de l’emploi. L’espace rural a connu une certaine attractivité résidentielle dans les années 90, quand par ailleurs les pôles urbains perdaient des habitants à cause de la périurbanisation. Mais depuis le début des années 2010, cette attractivité se replie. Les trajectoires des 18 espaces ruraux de Bourgogne-Franche-Comté restent singulières. Elles témoignent d’abord des différences d’attractivité résidentielle, notamment pour les actifs. Elles attestent ainsi de leur capacité à offrir des emplois à l’intérieur comme à l’extérieur de leur territoire. Les territoires les moins mal reliés aux grandes aires urbaines sont ceux qui sont les plus en croissance car ils bénéficient de leur influence. C’est le cas par exemple de la Loue et du Doubs central, et dans une moindre mesure en seconde couronne de Dijon, dans la Tille et l’Auxois. Cependant, le destin des espaces ruraux n’est pas seulement tributaire de leur relation aux grandes villes. Situés trop loin pour des navettes domicile-travail quotidiennes, les vastes espaces ruraux nivernais ont su s’appuyer sur leur économie locale et leur réseau de petites villes, signe de résilience malgré un déclin démographique soutenu. À l’inverse, les espaces ruraux du nord de la région, pourtant tout aussi isolés, connaissent une crise profonde tant démographique qu’économique. Ainsi le Châtillonnais poursuit un déclin amorcé depuis longtemps, alors que le nord Haute-Saône s’y engage à un rythme soutenu.

La ruralité bien ancrée dans le territoire régional

En œuvre en France depuis le début des années 70, le mouvement de concentration des populations et plus encore des emplois se poursuit. En province, 79 % de la population et 81 % des emplois sont désormais implantés dans les grandes aires urbaines accentuant ainsi le déséquilibre entre les territoires les plus urbains, leur périphérie et les autres espaces dits « ruraux ». En Bourgogne-Franche-Comté, la population et les emplois se sont un peu moins installés dans les grandes aires urbaines qu’au niveau national. Toutefois, la région n’a pas échappé à ces mouvements de concentration, les grandes aires urbaines régionales regroupant 68 % de la population et 71 % des emplois. L’équilibre territorial s’en trouve d’autant plus fragilisé que la région reste, avec la Corse, l’une des plus rurales de France (figure 1). Les communes rurales (Définitions), correspondant ici aux communes moins densément peuplées et avec un lien plus faible avec la ville, couvrent en effet 58 % de la région contre 49 % pour la France de province, tandis qu’un habitant sur cinq y réside contre moins d’un sur huit en province. Une grande partie d’entre elles sont situées sur la diagonale des faibles densités démographiques caractérisant l’arc nord-est en France mais pas uniquement

Avant 2011, le rural plus attractif que la ville

Ces communes rurales suivent des trajectoires démographiques très différentes des autres communes de la région. Depuis la fin des années 1990 et jusqu’à une période récente, la croissance démographique y a été plus soutenue que dans le reste de la région (figure 2). Avec un excédent migratoire de 0,7 % par an entre 1990 et 2011, les communes rurales ont bénéficié d’une attractivité résidentielle compensant un déficit naturel très marqué, caractéristique d’une population âgée. Dans le reste du territoire régional en revanche, les mécanismes inverses étaient à l’œuvre, l’excédent naturel compensant le déficit migratoire, notamment dans les grandes aires urbaines plus jeunes. Plus récemment, l’attractivité de ces communes rurales marque le pas, dans la région comme ailleurs. Entre 2011 et 2016, l’excédent des arrivées sur les départs s’amenuise nettement (+ 0,1 % par an après + 0,7) et ne compense plus le déficit naturel.

Emploi rural diversifié mais en baisse

Dans les espaces ruraux, l’emploi se situe principalement en dehors des communes rurales, dans des bourgs et autres petits pôles d’activité. Les économies locales se différencient les unes des autres par leur profil sectoriel. Assez diversifié, il est loin de se limiter à l’agriculture.

Certes, le secteur agricole est plus important qu’ailleurs, 10 % des emplois contre 4 % en moyenne en Bourgogne-Franche-Comté. Le poids de l’industrie et de la construction y est un peu plus élevé que dans le reste de la région. En revanche, le tertiaire marchand et non marchand est beaucoup moins présent. Confronté aux effets de la crise économique, l’emploi dans l’espace rural a diminué (– 0,7 % en moyenne par an entre 2010 et 2015), notamment dans l’agriculture et l’industrie sans véritable compensation du tertiaire. En effet, l’attractivité résidentielle ne s’est pas traduite par des créations d’emplois au service des habitants, plutôt offerts dans les zones urbaines. À partir de 2010, l’emploi diminue aussi dans la construction et le tertiaire marchand, jusque-là maintenu ; seuls les services non marchands gagnent encore des emplois ces dernières années.

Communiqué de l’INSEE de Bourgogne-Franche-Comté 


}