Le niveau de vie des agriculteurs de Bourgogne

L’INSEE a réalisé un comparatif des niveaux de vie des agriculteurs de la région. Une enquête qui confirme une grande inégalité de revenu entre viticulteurs et responsables d’élevage bovins.

22 mars 2019 à 6h25 par la rédaction

K6 FM
Crédit : K6FM

Avec 29 200 agriculteurs exploitants en activité, la Bourgogne-Franche-Comté est une des régions où cette profession est la plus exercée. Vivant très souvent en couple, 80 % de leurs conjoints ont une activité professionnelle. Un quart exercent le métier d’agriculteur ou d’ouvrier agricole. Les revenus des ménages agricoles proviennent pour 37 % de l’activité agricole, c’est plus qu’en moyenne en France métropolitaine. Ils sont composés pour 25 % de revenus du patrimoine et 38 % d’autres ressources comme les salaires ou les prestations sociales.

Les personnes vivant dans les ménages agricoles sont plus souvent touchées par la pauvreté que l’ensemble de la population régionale. C’est dans les territoires spécialisés dans l’élevage bovins viande que leur niveau de vie est le plus faible. À l’inverse, il est plus élevé dans les territoires spécialisés en grandes cultures et plus encore en viticulture.

Très ancrée en Bourgogne-Franche-Comté, l’agriculture représente 4 % de la valeur ajoutée régionale contre 1,7 % en France métropolitaine. Avec 29 200 agriculteurs exploitants en 2015, soit 2,6 % des actifs en emploi, la région se classe au 4e rang des régions françaises. La production agricole régionale repose sur cinq orientations technico-économiques principales : les grandes cultures, l’élevage bovins viande, l’élevage bovins lait, la viticulture, la polyculture-polyélevage. Elle est reconnue pour ses filières d’excellence, notamment ses vins et ses fromages d’appellation d’origine protégée (AOP). Cette grande diversité d’activités conduit à des disparités de revenus au sein des ménages agricoles, qui par ailleurs, peuvent bénéficier d’autres sources de revenus. Étudier leurs conditions et leurs niveaux de vie permet d’éclairer les décideurs en charge des politiques d’aménagement des territoires dans un contexte de forte concurrence mondiale, de changements structurels et environnementaux, et de refonte de la Politique Agricole Commune.

Une population âgée, de jeunes agriculteurs diplômés

Les agriculteurs, pour la plupart des hommes, sont relativement âgés : 8 500 soit 29 % ont au moins 55 ans contre 16 % des actifs en emploi de la région. Ils sont plus âgés dans les territoires de grandes cultures et plus jeunes dans les territoires laitiers. Le fort vieillissement de la profession et les difficultés pour trouver un successeur posent la question du renouvellement de générations d’agriculteurs et de la pérennisation des systèmes d’exploitation.

Ces vingt dernières années, le niveau de formation des agriculteurs a fortement progressé : 80 % des moins de 40 ans ont le baccalauréat ou un diplôme d’enseignement supérieur contre 39 % des plus de 40 ans. Cette évolution est bien plus marquée que dans tous les autres groupes professionnels. Elle est liée à la nécessité de posséder au moins un baccalauréat professionnel ou un brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole ou tout

Plus de pauvreté et d’inégalités de niveaux de vie que dans l’ensemble des ménages

Les personnes vivant dans les ménages agricoles disposent d’un niveau de vie annuel médian de 20 500 euros en 2015, comparable à celui de l’ensemble de la population régionale. Cependant, celui-ci cache de fortes disparités et une pauvreté parfois élevée. Dans les ménages agricoles, le revenu en dessous duquel se situent les 10 % des personnes les plus modestes est 5 fois inférieur au revenu au-dessus duquel se situent les 10 % des personnes les plus aisées. Dans l’ensemble de la population régionale, cet écart est de 3. Dans les ménages agricoles, les personnes sont également plus nombreuses à vivre sous le seuil de pauvreté, 18 % contre 13 % en moyenne dans la région. La pauvreté est aussi plus intense : les personnes pauvres y ont un niveau de vie médian de 8 730 euros annuel, ce qui est inférieur de 29 % au seuil de pauvreté. Cet écart est de 19 % pour l’ensemble des personnes pauvres de la région. Les ménages agricoles détiennent cependant un patrimoine plus important que l’ensemble des ménages, qui repose surtout sur leur patrimoine professionnel et moins sur les actifs financiers et immobiliers.

Élevage bovins viande : faibles revenus et plus forte pauvreté

Les personnes vivant dans les ménages agricoles des territoires tournés vers la production animale (bovins, volailles, porcs, ovins…) ont un niveau de vie médian plus faible que les autres. Dans les territoires produisant plutôt de la viande bovine, le niveau de vie médian est le plus bas (16 900 € en 2015). Localisés surtout en Saône-et-Loire et dans la Nièvre, berceaux de la race charolaise, les exploitations agricoles sont surtout spécialisées dans l’élevage de vaches allaitantes, qui fournit des revenus faibles depuis plusieurs années. Dans ce contexte, ces territoires sont les plus touchés par la pauvreté : 26 % des personnes vivant dans les ménages agricoles sont pauvres. L’activité agricole ne fournit que 30 % de leurs revenus. Les salaires et indemnités chômage contribuent davantage à leurs ressources financières qu’ailleurs dans la région.

Dans les territoires de production de bovins lait, le niveau de vie médian des personnes vivant dans des ménages agricoles est meilleur, 3 000 € de plus par an. Le taux de pauvreté est beaucoup plus faible (15 %) et le niveau de vie médian des personnes pauvres un peu plus élevé. Les revenus agricoles contribuent plus fortement aux ressources des ménages (35 %), soutenus notamment par la production de fromages AOP renommés sur le massif jurassien. Dans le reste de la région, la production repose par contre sur du lait conventionnel, moins rémunérateur.

Zones viticoles : un niveau de vie médian très élevé

C’est dans les territoires viticoles que les ménages agricoles perçoivent les plus hauts revenus. Ils concentrent un tiers des revenus agricoles de la région alors qu’ils ne représentent que 12 % des ménages agricoles. La viticulture, globalement très rémunératrice, contribue pour 63 % à leurs ressources. Celles-ci s’appuient également sur les revenus des conjoints dont l’activité a souvent un lien avec le secteur agricole. Lorsqu’ils sont salariés, la moitié d’entre eux travaillent dans l’agriculture ou dans le commerce, notamment à la commercialisation des vins de l’exploitation.

Le niveau de vie médian des personnes des ménages viticoles dépasse les 33 500 euros, soit le double de celui des territoires d’élevage bovin. De plus, les 25 % les plus modestes ont un niveau de vie nettement supérieur à leurs homologues des autres espaces agricoles. Néanmoins, il y a de fortes disparités de niveau de vie, liées aux caractéristiques des vignobles et de leurs appellations. Ainsi, les revenus sont les plus élevés au sud de Dijon, où le vignoble est réputé mondialement pour ses grands crus, ainsi que dans le Chablisien. En revanche, dans le Jura et en Saône-et-Loire, où la production de vins est moins rémunératrice, le niveau de vie médian est plus faible.

Si la pauvreté est peu présente dans les ménages viticoles, elle touche principalement les zones d’appellations moins renommées.

Communiqué de l’INSEE 


}