L’implantation d’un cœur artificiel : une première au CHU de Dijon
Le premier patient du CHU de Dijon à avoir bénéficié d’une implantation cardiaque est un Bourguignon de 43 ans souffrant d’insuffisance cardiaque et dont le pronostic vital était engagé à court terme. L’opération, qui a eu lieu le 10 avril dernier pendant plusieurs heures, s’est visiblement bien déroulée. La direction de l’hôpital a donné quelques détails ce mardi.
Publié : 26 juin 2024 à 9h18 par Fabrice Aubry
Ci-dessous, les explications données par la direction du CHU :
Le CHU Dijon Bourgogne est l’un des dix centres hospitaliers français - et l’un des sept en dehors de l’Île-de-France (Lyon, Rennes, Lille, Strasbourg, Montpellier, Nantes et Dijon) - dont l’équipe de chirurgie cardiaque, dirigée par le professeur Olivier Bouchot, a été formée à l’implantation du nouveau cœur artificiel Aeson® développé par la startup française Carmat. Le premier patient du CHU à avoir bénéficié de cette révolution est un Bourguignon de 43 ans souffrant d’insuffisance cardiaque, dont le pronostic vital était engagé à court terme, et qui était en attente d’une greffe cardiaque. L’opération, qui a eu lieu le 10 avril dernier pendant plusieurs heures, s’est très bien déroulée : le patient a quitté l’hôpital François-Mitterrand après deux mois d’hospitalisation pour retourner à son domicile et reprendre une vie normale. Cette pose d’un cœur artificiel total s’inscrit dans le cadre de l’étude EFICAS, qui doit inclure 52 patients à l’échelle nationale (actuellement plus de 20 patients inclus) et doit permettre la mise sur le marché français. Cette étude permettra également d'obtenir le remboursement du dispositif en France.
Aeson®, le cœur artificiel développé par l’équipe du Professeur Alain Carpentier, chirurgien et cardiologue français, avec l’appui de la société Matra, marque une véritable révolution en chirurgie cardiaque. En effet, contrairement aux cœurs artificiels précédemment utilisés, ce nouveau dispositif ne fonctionne pas avec des pompes bruyantes et lourdes (environ 4 kg à porter dans un sac à dos) mais avec des batteries d’une autonomie de quatre à cinq heures, beaucoup plus faciles à transporter, ce qui permet au patient de retrouver de la mobilité. La technologie embarquée dans ce cœur artificiel permet à celui-ci de s’adapter automatiquement à l’effort du patient : le rythme cardiaque, programmé de manière fixe dans les cœurs artificiels jusqu’alors proposés, évolue ici en fonction des besoins du patient, ce qui lui permet d’entreprendre une activité physique régulière. Aeson® est le premier cœur au monde à être hautement hémocompatible : les matériaux qui le composent, bioprothétiques pour les surfaces en contact avec le sang, n’endommagent pas les cellules sanguines et réduisent le risque de formation de caillots. Enfin, le cœur de Carmat n’est pas doté de valves mécaniques, contrairement aux modèles plus anciens, ce qui, à terme et si les résultats de l’étude EFICAS en confirment la possibilité, autorisera les patients à se passer du traitement anticoagulant très lourd jusqu’alors prescrit. Le nouveau cœur offre donc aux patients l’opportunité de retrouver une véritable qualité de vie.
La première implantation d’un cœur Carmat a été réalisée, au CHU Dijon Bourgogne, par une équipe du pôle Cœur, poumons, vaisseaux dirigé par le professeur Éric Steinmetz, associant des cardiologues spécialistes avancés de l’insuffisance cardiaque, des chirurgiens cardiaques et des anesthésistes-réanimateurs cardiovasculaires. Elle a bénéficié du soutien de la direction de l’établissement, qui conforte ainsi son positionnement de centre hospitalier régional de recours, référent à l’échelle de la grande région en matière de transplantation cardiaque. Le CHU Dijon Bourgogne pratique l’implantation d’assistance ventriculaire depuis 2007 et de cœurs artificiels totaux depuis 2016, affichant une expérience considérable qui permet à ses équipes de se positionner aujourd’hui parmi les plus pointues en France dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque avancée et de proposer aux patients de la grande région Bourgogne-Franche-Comté/Haute-Marne la palette la plus large possible des solutions thérapeutiques et chirurgicales dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque globale terminale. Le professeur Olivier Bouchot, chef de service en chirurgie cardiaque précise :
« Le cœur Carmat constitue une avancée considérable pour des patients souffrant d’insuffisance cardiaque en situation d’impasse thérapeutique, dont la qualité de vie est fortement réduite et le risque de décès prématuré nettement accru. Il nous faut tenir compte d’un contexte de pénurie de greffes, en raison notamment de la diminution du nombre de décès par accident de la route – une réalité très positive mais qui prive les blocs d’un certain nombre de cœurs jeunes. Les cœurs disponibles, moins nombreux, sont également de moins bonne qualité. Aeson® va permettre à des patients en attente d’une transplantation de retrouver une vie normale ; à terme, ce cœur artificiel pourrait remplacer même le cœur de patients qui ne seront finalement pas transplantés (thérapie de destination). »