Ouverture d’une Unité d’hébergement renforcé pour les patients atteints de maladie d’Alzheimer et maladies apparentées au CHU Dijon Bourgogne

La Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées (MAMA) nécessitent, au sein des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), des structures dédiées, répondant à la fois à des normes exigeantes en termes de sécurité et de qualité des soins.

6 août 2019 à 5h15 par Franck PELLOUX

K6 FM

Lors d’une visite de conformité qui s’est déroulée en juillet dernier, l’Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté a labellisé l’Unité d’hébergement renforcé (UHR) de l’EHPAD du CHU Dijon Bourgogne, située au centre de gérontologie Champmaillot.

 

Le contexte : une population qui vieillit

 

Le vieillissement de la population française est une réalité et la Bourgogne-Franche-Comté et la Côte-d’Or ne font pas exception. D’ici 2020, le nombre d’individus âgés d’au-moins 85 ans augmentera nettement (de 30 % en Côte-d’Or). Une part non marginale de cette population sera fragilisée avec notamment une polypathologie, et/ou la Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées (MAMA). Des progrès doivent encore être réalisés dans la prise en soin de personnes âgées, notamment atteintes de MAMA. Ainsi, en Bourgogne, 28 000 personnes âgées de 75 ans et plus présentent une MAMA, tandis que seulement 1 200 sont suivis en consultation mémoire. Selon le Plan régional de santé (PRS) Bourgogne 2012-2016, en 2007, 1 609 personnes ont été admises en Affection de longue durée (ALD) au motif d’une MAMA, tandis que 5 600 ont déclaré la maladie.

Le projet d’Unité d’hébergement renforcé (UHR), porté par le CHU Dijon Bourgogne, s’inscrit dans le développement de l’offre de soins à destination de personnes âgées atteintes de MAMA, au sein d’une structure médicalisé de type Unité de soins de longue durée (USLD), intégrée au pôle Personnes âgées. L’EHPAD du CHU Dijon Bourgogne dispose d’une offre de soin déjà étoffée pour une prise en charge de patients atteints de MAMA, avec notamment des praticiens hospitaliers gériatres, titulaires d’un diplôme interuniversitaire de psychogériatrie, des infirmiers diplômés d’État et des aides-soignants présents 24 heures sur 24, une psychologue, un médecin géronto-psychiatre intervenant à la demande, ainsi qu’une garde d’interne de médecine et d’une astreinte médicale « sénior ».

 

Une nouvelle unité

 

« Le projet de création de l’UHR s’est appuyé sur la transformation de lits d’EHPAD en lits d’hébergement renforcé » indique Didier Richard, directeur délégué du pôle Personnes âgées du CHU Dijon Bourgogne. « Nous avions, depuis 1994, l’expérience des unités de vie protégées Alzheimer, d’une capacité totale de 39 places réparties en trois unités. » ajoute-t-il. Concrètement, il s’est donc agi de transformer 17 lits d’EHPAD dits « traditionnels » en 14 lits d’UHR, laquelle est dotée de chambres seules, au premier étage du bâtiment F du site de Champmaillot, avec un accès à une terrasse et à un jardin sécurisés.

« La nouvelle unité, qui est déjà complète, accueille des résidents atteints de MAMA compliquée de symptômes psychocomportementaux altérant leur sécurité et leur qualité de vie, après bilan gériatrique préalable et provenant de l’Unité cognitivo-comportementale (UCC), d’unité de soins Alzheimer du CHU ou d’autres établissements, du service de Gériatrie ou du soin de suite et de réadaptation gériatrique » indique le Pr Patrick Manckoundia, chef du pôle Personnes âgées du CHU Dijon Bourgogne.

 

Une équipe dédiée

 

Pour animer cette unité, l’établissement s’appuie sur un effectif de 12 professionnels de santé : médecin gériatre, cadre de santé, infirmiers diplômés d’État, aides-soignantes, psychologue, Agent des services hospitaliers (ASH) et psychomotricien.

 

Un projet de soins spécifique à l’unité

« La prise en soin des 14 patients s’appuie sur un projet médico-soignant original qui place la personne et ses capacités restantes au cœur du projet de soins et qui privilégie les interventions non médicamenteuses » indique le Dr Laurence Vaillard, cheffe de service de l’EHPAD.

 

En effet, l’unité propose un accompagnement à effet thérapeutique au moyen d’activités collectives ou individuelles sept jours sur sept. Celles-ci doivent permettre de maintenir ou de réhabiliter les capacités fonctionnelles restantes (activités de la vie quotidienne : toilette, habillage, vaisselle, rangement, préparation des repas, pliage du linge, prise des repas en commun, atelier pâtisserie, activité physique adaptée,…). Il s’agit également de maintenir les fonctions cognitives (via des groupes de parole par exemple) et de mobiliser les fonctions sensorielles (atelier jardinage, écoute musicale, atelier peinture, …). Enfin, le lien social est maintenu par l’organisation d’événements rythmant les saisons (thés dansant, carnaval, fête de la vigne, etc.). « Les thérapies douces seront privilégiées » indique le Pr Patrick Manckoundia. Elles passeront notamment par l’hypnose, l’aromathérapie, le toucher-massage, l’écoute musicale, les activités manuelles et la marche manuelle accompagnée.

 

Une dimension hospitalo-universitaire

 

Au titre de la dimension hospitalo-universitaire du CHU Dijon Bourgogne, l’UHR sera un terrain de stage pour les professionnels médicaux et paramédicaux. Elle sera le lieu d’expérimentation de nouvelles pratiques dans le champ concerné. Celles-ci pourront faire l’objet de publications d’articles, de mémoires, ainsi que de thèses. Ces études porteront sur l’efficacité des stratégies innovantes telles que l’aromathérapie, les thérapeutiques psycho-corporelles ou l’apport de la robotique susceptible d’améliorer certains comportements et sur la prévention des risques professionnels liés à ce type d’unité.




}