« On ne fait qu’alerter depuis des mois » : les réactions politiques locales à la suite de l'évasion de la maison d'arrêt de Dijon

Alors que l'un des deux fugitifs a été retrouvé ce vendredi matin en Saône-et-Loire, en train de lire le journal local, l'évasion spectculaire de ce jeudi suscite de vives réactions locales. Plusieurs responsables politiques et syndicaux ont vivement réagi à cette scène survenue à la maison d'arrêt de Dijon, pointant du doigt le manque de moyens et la vétusté des établissements pénitentiaires.

Les drones, un fléau pointé du doigt

Pour Ahmed Saih, représentant du syndicat Force Ouvrière Justice à Dijon, cette évasion n’est que la conséquence d’un laxisme prolongé de la direction de l’établissement : « La prison souffre depuis bien trop longtemps de livraisons par drone et de projections. Ça survole toute la nuit, c’est pire qu’un aéroport », déclare-t-il dans les colonnes du Bien Public.

Il souligne également l’introduction régulière d’objets prohibés comme des lames de scie, des stupéfiants ou encore des téléphones. Ahmed Saih pointe un manque criant d’effectifs dans les équipes de sécurité locales comme régionales, qui rend difficile la fouille et la sécurisation des cellules : « On ne fait qu’alerter depuis des mois », ajoute-t-il, appelant la direction à assumer ses responsabilités.

De son côté, René Lioret, député Rassemblement National de Côte-d'Or, rappelle avoir alerté dès décembre 2024 sur l’absence de dispositifs anti-drone à Dijon. Il considère l’évasion comme « le symptôme d’un système dépassé » et plaide pour une modernisation urgente des équipements de surveillance, allant jusqu’à préconiser des fouilles systématiques à la sortie des parloirs, ce que la loi actuelle ne permet pas encore.

Des élus qui appellent à l’action immédiate

La députée socialiste de Côte-d'Or Océane Godard a elle aussi réagi en urgence. Ele évoque une situation « dramatique », soulignant que cette évasion est « la conséquence de la surpopulation carcérale, du manque de moyens pour la justice ». Coincidence, la député devait se rendre en visite à la maison d'arrêt ce jeudi. Un rendez-vous qui n'a logiquement pas eu lieu.

Laurent Bourguignat, conseiller municipal LR de Dijon et néo candidat à la mairie, s’interroge sur l’efficacité des dispositifs actuels. Il juge « invraisemblable » qu’une évasion ait pu se produire en sciant les barreaux. Il appelle à un durcissement des conditions de détention pour les détenus les plus dangereux, dans l’objectif de protéger les surveillants et d’éviter de nouvelles évasions.

La liste « Dijon change d’ère », soutenue par des partis du Nouveau Front Populaire, voit dans cette évasion « un événement malheureusement si prévisible », reflet d’un service public fragilisé. Elle critique vivement les coupes budgétaires successives ayant mis à mal les conditions de détention et de travail au sein de la maison d’arrêt. Pour la gauche, la solution passe par un investissement massif dans le système carcéral, pour garantir à la fois la sécurité, la dignité des détenus et la protection du personnel pénitentiaire.