Réaménagement de la rue Monge : « une occasion manquée » l’association EVAD

L’association Ensemble à vélo a réagit au projet de réaménagement de la rue Monge et de la place Bossuet à Dijon, dévoilé hier dans la presse par le maire François Rebsamen.

5 octobre 2023 à 8h00 par la rédaction

Pour l'association EVAD, « le vélo n'a une nouvelle fois pas été pris en compte ».
Pour l'association EVAD, « le vélo n'a une nouvelle fois pas été pris en compte ».
Crédit : Photo d'illustration Pixabay/christoph_mschrd

Retrouvez, ci-dessous, le communiqué d’Ensemble à vélo :

« « Encore une occasion manquée... » Voilà la réaction que nous avons eu, au sein de l'association EVAD - Ensemble à vélo, en découvrant le projet de réaménagement de la rue Monge et de la place Bossuet tel que présenté par François Rebsamen, maire de Dijon et président de Dijon Métropole.

Les attentes étaient grandes, d'autant que nous partageons le constat avec les élus : il était urgent d'agir pour réinventer la rue Monge et la place Bossuet, et plus généralement tout l'accès sud du coeur de ville, après les réaménagements plutôt réussis ces dernières années de la place Émile Zola et des rues piétonnisées du secteur sauvegardé, et même de certains secteurs apaisés comme la rue du Jardin des Plantes.

Mais à l'image de ces projets aux résultats plutôt positifs, le vélo n'a une nouvelle fois pas été pris en compte dans ce dans ce projet de requalification de la rue Monge et de la place Bossuet. »

Le déni cycliste

« À l'image de la vélorue avenue Jean Jaurès, dont nous alertions sur la dangerosité en septembre, la rue Monge est un axe sur lequel le sentiment d'insécurité et d'inconfort est majeur pour les cyclistes. Si le projet prévoit d'enfin supprimer des stationnements en surface, notamment celles de la place Bossuet, il est en revanche non précisé si le stationnement longitudinal le long de la rue Monge sera conservé. Alors que le nouveau parking Monge est à proximité immédiate, comme les parkings Condorcet, Dauphine ou encore Tivoli, il ne serait pas compréhensible de maintenir ce système d'un autre temps : la rue Monge conserverait une large partie de sa largeur occupée par la voiture (1 voie de circulation + 2 voies de stationnement longitudinal), les piétions, les touristes, les poussettes et les personnes à mobilité réduites se disputeront donc le reliquat d’espace avec les restaurants ou bars qui souhaitent logiquement un peu d’espace pour leur terrasse, les arrêts de bus…

Le coeur du problème ici est, selon nous, l'absence de réalisation d'un plan de circulation. En effet, l’absence de réorganisation des circulations lors de ce projet de requalification va impliquer que la rue Monge supportera (ainsi que les riverains et les commerçants) toujours les mêmes flux de transit + les flux de desserte locale qui font que cette rue a un trafic routier trop important pour un cœur de ville. Les études scientifiques sont unanimes : lorsque l'on permet aux voitures des options simples, comme un raccourci vers un stationnement souterrain ou un centre-ville, les panneaux ou la peinture qui déconseillent ce choix ne servent à rien, à part à se donner bonne conscience. La seule contrainte proposée est d'enfin faire respecter l'interdiction de traversée de la rue de la liberté avec l'installation de bornes d'accès après le parking Dauphine.

Par ailleurs, quid de la rue Cazotte récemment pointée du doigt par le journal Le Bien Public pour ses largeurs de trottoir faméliques ? Quid de la rue Condorcet et ses deux voies routières en plein cœur de ville tout comme la rue Michelet (2 voies routières + 1 stationnement longitudinal) qui certes accueille un restaurant étoilé et hôtel de luxe mais qui aurait à nos yeux tout intérêt à avoir un environnement et une rue apaisé (sans forcément être piétonnisée) et silencieux à proposer aux clients de l’hôtel… L’ensemble de ces rues auraient ainsi pu être intégrées aux réflexions pour réorganiser et réduire le trafic et apaiser le sud du cœur de ville. »

De la cosmétique verte au détriment d'une ville apaisée

« Végétaliser la ville est une action que nous saluons : l'adaptation aux changements climatiques est une nécessaire évidence. Tout comme l'est la lutte contre ces changements, manifestement oubliée de ce projet. Le rapport annuel du Haut Conseil pour le Climat publié cette semaine (dans sa version grand public) le rappelle : en France, la voiture reste de loin le principal émetteur de gaz à effet de serre.

Lancer en 2023 un projet de 5,3 millions d'euros qui ne traite pas cet enjeu de rééquilibrage des déplacements et d’apaisement des rues mais qui à l’inverse prône un statuquo en préservant avant tout la circulation automobile et le maintien de cette facilité d'usage, sans aucune considération de la place du vélo, alors que la métropole affiche toujours un objectif de part modale à 12% en 2030 pour un dérisoire budget annuel de 2 millions d'euros consacré aux aménagements cyclables pour l'ensemble de son territoire, nous semble particulièrement décevant. Et inquiétant.

Malgré tout, alors que des infrastructures ambitieuses commencent à voir le jour à Dijon, sur le lien avec la ville d'Ahuy, dans le schéma directeur vélo adopté il y a quelques mois ou encore avec le projet de place du 30 octobre qui nous a été présenté, nous avons l'espoir que cette première version d'aménagement saura être bonifiée grâce aux avis et retours qui seront faits par les citoyennes, les citoyens, les associations expertes le métropole de Dijon et l'ensemble des parties prenantes. »




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