La filière viticole bourguignonne s’engage pour l’avenir

Le premier programme, baptisé PARSADA (Plan d’Action Stratégique pour l’Anticipation du Retrait des Substances Actives), s’inscrit dans un vaste plan national lancé en 2023, doté de 146 millions d’euros sur cinq ans. Ce dispositif repose sur un principe fort : pas d’interdiction de produits sans solution alternative. En Bourgogne, il cible deux maladies particulièrement problématiques dans les vignobles septentrionaux : le mildiou et le black rot.

Ce projet régional s’appuie sur un partenariat solide avec la CAVB (Confédération des Appellations et Vignerons de Bourgogne) et bénéficiera du renfort d’une nouvelle cellule technique locale. Depuis 2016, la filière viticole bourguignonne a déjà enregistré des avancées notables : +200 % d’augmentation de l’utilisation des biocontrôles depuis 2019, 68 % des exploitations engagées dans des démarches environnementales ou RSE, et 25 % des domaines certifiés bio ou en conversion en 2024 (source : CAVB).

PARSADA vise à outiller les viticulteurs avec des prévisions de risques et des solutions prophylactiques pour limiter l’usage des traitements chimiques. Le Comité Bourgogne prévoit notamment :

• La structuration d’un réseau régional de conseillers techniques spécialisés dans les maladies cryptogamiques,
• Le pilotage d’un « laboratoire d’idées » destiné à faire émerger des innovations issues du terrain.

CAP-2050, imaginer la vigne bourguignonne de demain

Le second programme, CAP-2050, ambitionne de préparer le vignoble bourguignon aux effets du changement climatique à l’horizon 2050. Prévu pour une durée de trois ans à partir de janvier 2026, il réunira de nombreux partenaires : l’INAO, la CAVB, des domaines locaux, ainsi que des organismes techniques comme les chambres d’agriculture, Vinipôle Sud Bourgogne ou encore Bio Bourgogne-Franche-Comté.

L’originalité de CAP-2050 repose sur l’approche en « combinaison de leviers ». Il s’agira d’explorer différentes adaptations, qui prises ensemble, peuvent renforcer significativement la résilience des exploitations :

• Diversification du matériel végétal, avec l’introduction de cépages résistants (comme le RESDUR1) ou anciens (Melon de Bourgogne, Petit Meslier, Gouais…),
• Protection contre les aléas climatiques, via des filets d’ombrage, bâches et pratiques œnologiques adaptées,
• Réduction de l’empreinte carbone, en expérimentant différents systèmes de plantation (5 000 à 10 000 pieds/ha),
• Gestion du stress thermique pendant les vendanges (récolte de nuit, refroidissement des moûts, gestion du feuillage…).

Les expérimentations porteront sur trois cépages emblématiques : Chardonnay, Pinot Noir et Aligoté, répartis sur l’ensemble des sous-régions viticoles : Mâconnais, Côte Chalonnaise, Côte de Beaune, Côte de Nuits, Hautes Côtes, Chablis et Grand Auxerrois.

Un programme ancré dans le territoire

Le programme CAP-2050 s’inscrira également dans une dimension patrimoniale et historique, avec l’appui de la chaire Unesco « Cultures et traditions vitivinicoles » de l’Université Bourgogne Europe et du cabinet PArHis. Ensemble, ils proposeront une exposition itinérante retraçant comment les domaines bourguignons ont su, par le passé, traverser des crises similaires.

Les données issues de ce projet seront capitales pour la filière : elles constitueront une base stratégique pour accompagner individuellement chaque exploitation. Le Vinipôle Sud Bourgogne en sera le démonstrateur principal, épaulé par un réseau de domaines pilotes en Côte-d’Or, Saône-et-Loire et Yonne.

Enfin, le programme proposera pendant trois ans une série d’événements de proximité, notamment des permanences dans les trois Cités des Climats et vins de Bourgogne.