La Traviata de Verdi à l’opéra de Dijon
A partir de ce dimanche et jusqu’au 15 février, l’opéra de Dijon propose plusieurs représentations de « la Traviata » de Giuseppe Verdi, sous la direction de Débora Waldman.
Publié : 9 février 2025 à 7h00 par la rédaction
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La Traviata fait partie des grandes œuvres du panthéon de la musique, où je range notamment les Symphonies n°5 et n°9 de Ludwig van Beethoven, le Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart ou encore la Tosca de Giacomo Puccini. Ce sont des pièces qu’il faut avoir dirigées avant de mourir ! La Traviata était pour moi comme un mirage qui devient réalité. Elle fait partie de la « trilogie populaire », marquant une évolution dans le langage musical de Verdi. Celui-ci délaisse les cavatines et cabalettes de ses œuvres de jeunesse pour intégrer davantage l’action à l’orchestration. Il utilise également des silences afin de créer des remises en mouvement. En 1840, Verdi perd sa première femme, Margherita Barezzi, et leurs deux enfants, morts en bas âge. Lorsqu’il entreprend de composer
La Traviata au début des années 1850, il vit en concubinage avec la soprano Giuseppina Strepponi. Cette relation hors mariage est vue d’un très mauvais œil par la bourgeoisie. Verdi a trouvé dans le roman de Dumas un miroir reflétant sa propre situation. En l’adaptant pour la scène, il a souhaité critiquer cette société superficielle et hypocrite qui ne reconnaissait pas l’authenticité de son amour. Mon approche est de construire le temps en spirale par les « points de résonnance » dans la grande structure de l’œuvre. Il s’agit de moments ou d’éléments qui se ressemblent, mais qui ne sont pas placés au même niveau de cette spirale. Prenons quelques exemples. Au premier acte, la fête est la raison d’être de la musique, mais à la fin du deuxième acte, chez Flora, la fête n’est plus qu’un décor : elle est passée au second plan. Au deuxième acte, Violetta se résigne à quitter Alfredo. On retrouve cette idée de résignation au troisième acte dans « Addio del passato ». Dans le grand duo de Violetta et Germont, « la mia memoria » (« mon souvenir ») anticipe « morir si giovine » (« mourir si jeune ») au troisième acte. Il y a ainsi de nombreuses correspondances entre les deux parties de cet opéra.
En parallèle de tout cela, il faut signaler l’évolution du thème de l’amour qui traverse toute l’œuvre. Après l’idylle du premier acte et du début du deuxième, il est minorisé puis agonise et devient un souvenir au troisième acte. Dans la partition de La Traviata, l’action est intégrée à l’orchestration. Elle m’évoque une cathédrale gothique avec une voûte en croisée d’ogives et des arcs-boutants qui lui permettent de s’élever vers le ciel, au travers des points névralgiques. Enfin, j’ai cherché un sens mystique et spirituel à l’évolution du personnage principal tout au long de l’opéra. Je pense que Violetta est appelée par le ciel car son amour est trop authentique et pur pour le monde ci-bas. La partition dessine une ascension constante : le premier acte commence en si, le deuxième en do et le troisième finit en ré bémol. Le moment où il n’y a plus d’espoir correspond pour moi à celui où Violetta acquiert la vie éternelle. Elle laisse derrière elle les autres personnages face à l’inévitable. Ils se voient eux-mêmes mourir un jour. Il y a pour moi une forme de métamorphose. On passe du monde des vivants à celui de l’au-delà. Je souhaite traiter cette fin avec une certaine religiosité.
Retrouvez « la Traviata » à l’auditorium de l’opéra de Dijon les dimanche 9 février à 15h / mardi 11 février à 20h / jeudi 13 février à 20h et samedi 15 février à 20h.