Le blanc sur la Côte de Nuits : une place de plus en plus importante
Dans un long entretien accordé à La Revue du vin de France, Jean-Emmanuel Simond revient sur la nouvelle place des vins blancs sur la Côte de Nuits et ses vins rouges mondialement reconnus. Voici ce qui ressort de cette interview du célèbre dégustateur et membre du comité du Guide vert, entrecroisée de portraits de vignobles du secteur.
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Au sud de l’appellation, le Clos de l’Arlot produit un blanc qui ne passe pas inaperçu. Plus au nord, Jacques Frédéric Mugnier, qui a repris le vignoble en 2004, a surgreffé quelques rangs avec du chardonnay dans la partie haute du Clos de la Maréchale. Son blanc figure parmi les plus aboutis de Nuits‑Saint‑Georges, une appellation où près de 5 % du vignoble est désormais planté en blanc, un chiffre en progression selon l’auteur.
Mais c’est vers Musigny blanc qu’on touche à la rareté : Musigny est le seul Grand cru de la Côte de Nuits autorisé en blanc. Seul producteur : le domaine de Vogüé, moins d’un hectare, pour quelques milliers de bouteilles selon les années. Le vin est qualifié « d’étrange, énigmatique, avec un côté iodé, un peu anisé, mentholé ».
Vendange entière ou égrappage : trois écoles de vinification
La Côte de Nuits révèle trois approches coexistant dans le mode de cueillette :
- Vendange entière systématique — par exemple au domaine Confuron‑Cotetidot ou chez Lalou Bize‑Leroy depuis de nombreuses années.
- Égrappage quasi systématique — chez Armand Rousseau, Mugnier, Mugneret‑Gibourg.
- Mode flexible — selon la qualité du millésime. Domaine Dujac, par exemple, pratique la vendange entière mais égrappe généreusement si la maturité lui paraît insuffisante. Même logique pour le domaine de la Romanée‑Conti, qui dans les quatre ou cinq derniers millésimes a privilégié la vendange entière, mais pas toujours par le passé.
Les effets attendus : la vendange entière limite la couleur mais gagne en complexité aromatique, en acidité, et prolonge les finales — mais introduit parfois des notes végétales ou ligneuses contrebalancées par le temps. À l’inverse, l’égrappage tend à produire des vins plus immédiats, ronds, juteux, moins complexes aromatiquement.
Élevage : bois, amphores et céramique comme nouveaux horizons
Traditionnellement, les barriques dominaient. Aujourd’hui, les techniques se diversifient :
- Frédéric Magnien utilise des jarres / amphores de terre cuite depuis une dizaine d’années dans son domaine et son négoce — l’amphore aide à préserver l’éclat du fruit sans « patiner » le vin.
- Au domaine Arnoux‑Lachaux, Charles Lachaux est passé à un élevage intégral en céramique depuis 2022, après des essais partiels en 2021, avec de très longues durées : trois ans en cuve + un an en bouteille.
- Certains reviennent aux foudres traditionnels (Michel Gros, Berthaut‑Gerbet, Trapet).
- Enfin, de plus en plus de domaines testent le Wineglobe — contenant totalement hermétique — pour préserver la fraîcheur et l’intégrité du jus. Christophe Perrot‑Minot, par exemple, intègre jusqu’à 15 à 20 % de vin élevé en Wineglobe lors de la mise en masse.
Ces évolutions témoignent d’une quête d’authenticité et de pureté du fruit, dans un contexte technologique renouvelé.
Style et climat : adaptation et finesse
Depuis les années 1980, le style des vins de la Côte de Nuits a évolué. Face au réchauffement et aux aléas climatiques (gel, grêle, sécheresse), les vignerons reviennent à des sélections massales, privilégient les vieilles vignes (80‑100 ans résistent mieux) et abandonnent progressivement les pesticides au profit du bio ou de la biodynamie. (La grande majorité des domaines seraient aujourd’hui certifiés ou en conversion.)
Côté vinification, l’époque du vin « noir et massif » est révolue : on extrait moins, on pige moins, on remonte très peu — le tout pour préserver la finesse, la fraîcheur, l’élégance. Même le rôle des œnologues « externes » semble s’atténuer : certains appliquaient des recettes clés en main, mais les vignerons affirment aujourd’hui leur propre style et davantage d’indépendance.
Entre exigence et prix : la Côte de Nuits sous tension
Les prix des vins de la Côte de Nuits atteignent parfois des sommets, notamment dans les Premiers et Grands crus. Jean-Emmanuel Simond rappelle qu’il reste possible de trouver des rouges village (Marsannay, Fixin, Nuits) à moins de 30‑40 €, mais les grands domaines de la Côte de Nuits sont très limités en surface : « les vins les plus rares de Bourgogne ».
L’un des ressorts de la hausse : l’inadéquation parfois criante entre l’offre mondiale et la demande. L’autre : les droits de succession, poussant certains domaines à compenser par des tarifs élevés (cas évoqué du domaine Trapet). Mais Jean-Emmanuel Simond pointe aussi des excès : des importateurs et marchands influenceraient la valorisation des vins, parfois au détriment de l’objet vin lui-même.
Figures emblématiques et transmissions familiales
Parmi les personnalités mises en lumière :
- Lalou Bize‑Leroy (93 ans), figure légendaire, toujours attentive à ses vins et à leur âme.
- Laurent Ponsot, après avoir quitté le domaine familial, reconstruit un domaine et un négoce depuis ses propres vignes, bénéficiant d’une connaissance intime du terroir.
- Pascal Marchand, désormais à Nuits‑Saint‑Georges (maison Marchand‑Tawse), combine propriété et négoce dans une cinquantaine de cuvées, où distinction entre origine et négoce semble parfois floue, tant la qualité est homogène.
- Dominique Laurent, ancien pâtissier de Vesoul devenu micro‑négociant, vinifie aujourd’hui certains des Grands crus les plus réputés de la Côte de Nuits.
Jean-Emmanuel Simond souligne enfin l’importance de la dimension familiale comme véritable « âme de la Bourgogne » : les transmissions réussies, l’harmonie entre générations, et le maintien d’un esprit collectif sont, selon lui, ce qui donne du sens aux vins.
La Côte de Nuits hors des classiques : quelques pistes oubliées
- La Côte de Dijon / la Côte dijonnaise : autrefois entièrement plantée, elle renaît timidement autour de Corcelles‑les‑Monts, en altitude, impulsée notamment par Laurent Fournier à Marsannay et Jérôme Galeyrand.
- Les Hautes‑Côtes de Nuits, entre 350 et 500 mètres : longtemps « terroirs tardifs », ils gagnent en intérêt, offrant fraîcheur, modération alcoolique, typicité. On les retrouve avec des blancs mais aussi des rouges de belle facture. Des vignerons comme Claire Naudin (à Magny‑lès‑Villers), Michel Gros ou la maison Hoffmann‑Jayer (à L’Étang‑Vergy) se distinguent dans ce registre.
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