Côte-d'Or : les métiers sous tension au cœur des recrutements 2025
Viticulture, services et saisonnalité dominent dans un marché de l'emploi toujours plus exigeant.
Publié : 19 avril 2025 à 12h00 par Léon Charpenay
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L'Observatoire France Travail Bourgogne-Franche-Comté a publié les résultats de l'enquête Besoins en Main-d'Œuvre (BMO) 2025, mettant en lumière les tensions sur le marché du travail dans notre département. Cette enquête annuelle, menée auprès des employeurs, identifie les métiers pour lesquels les recrutements sont jugés difficiles.
Une tension persistante sur le marché de l'emploi en Côte-d'Or
En 2025, un établissement sur cinq envisage de recruter en Côte-d'Or, soit 22,5 %, une légère baisse par rapport à l'année précédente (27,5 % en 2024). Cette tendance s'observe également à l’échelle régionale, avec un repli à 22,3 % en Bourgogne-Franche-Comté. En tout, ce sont 21 340 projets de recrutement qui sont envisagés cette année dans le département, contre 23 820 en 2024.
Les services restent le moteur principal de l'emploi avec 55 % des intentions d'embauche. Viennent ensuite les secteurs du commerce (12 %), de l’agriculture et l’agroalimentaire (21 %), l’industrie manufacturière (6 %) et la construction (6 %). Toutefois, les difficultés de recrutement persistent, concernant 58 % des projets déclarés.
Viticulture et restauration en première ligne
Le métier le plus demandé reste celui de viticulteur/arboriculteur avec plus de 4 000 projets, dont 97 % sont saisonniers. Suivent les postes en cuisine ou en restauration (1 280), l'entretien (1 030), l'agriculture (540) et l’aide-soignance (530). Ces derniers font souvent face à une pénurie de main-d'œuvre qualifiée, ce qui complexifie encore le processus de recrutement.
Le phénomène saisonnier est massif : 38 % des projets sont liés à une activité temporaire, contre 30 % dans le reste de la région. Outre les vendanges, ce sont les secteurs du tourisme et de la restauration qui génèrent ces pics d’embauche.
Beaune : l’ombre des vignes et du tourisme
Dans le bassin de Beaune, l’orientation viticole pèse fortement sur l’emploi : 52 % des projets concernent l’agriculture, dont une large majorité dans la viticulture. Sur les 6 300 projets recensés, 2 890 concernent directement les métiers de la vigne. Les autres secteurs actifs sont l’hôtellerie (280 projets) et l’agriculture générale (280).
Avec 66 % des projets liés à la saisonnalité, Beaune dépasse largement la moyenne départementale. La tension y est également plus forte : 63 % des recrutements sont jugés difficiles. Les profils les plus critiques à pourvoir sont les aides à domicile, les conducteurs d’engins agricoles et les professionnels du bâtiment.
Dijon : bastion des services et du médico-social
Le bassin dijonnais concentre à lui seul 61 % des intentions d’embauche du département, soit 13 120 projets. Le secteur tertiaire y est roi avec 66 % des annonces, et les métiers liés à la vente, aux services et au tourisme représentent 38 % des intentions.
Les professions les plus recherchées sont celles d’aide de cuisine (1 100 projets), viticulteur/arboriculteur (900) et agent d’entretien (860). Toutefois, la saisonnalité y est bien moins marquée (22 %) et les difficultés de recrutement un peu moins prégnantes (54 %).
Paradoxalement, certains métiers techniques – comme ceux de l’électricité, de la menuiserie ou du BTP – font face à une pénurie extrême, avec 100 % de projets jugés difficiles. À l’inverse, les chercheurs, artistes, manutentionnaires ou professions de soutien connaissent peu d’obstacles à l'embauche.
Montbard : des tensions inédites malgré un faible volume
Bien que ne représentant que 9 % des projets du département (1 920 en tout), le bassin de Montbard affiche le plus haut taux de difficultés de recrutement avec 68 % des projets concernés. Ici, ce sont les aides-soignants, les mécaniciens, les professionnels de santé et les ouvriers spécialisés qui posent le plus de problème aux employeurs.
Les emplois agricoles restent majeurs avec 32 % des projets, notamment dans la viticulture (290 projets) et l’agriculture (200). Le recours aux contrats saisonniers y explose, atteignant 51 % des projets (contre 35 % en 2024). Les jardiniers, serveurs, agents d’entretien ou ouvriers de l’agroalimentaire en sont les principaux concernés.
Un marché polarisé par les besoins immédiats
À travers tout le département, le même constat s'impose : les employeurs ont du mal à recruter, que ce soit pour des raisons de qualification, d’attractivité des métiers ou de conditions d’emploi. Le recours à des embauches temporaires permet d’absorber les pics d’activité, mais ne règle pas la question structurelle du manque de personnel qualifié, notamment dans les fonctions techniques, de soin ou de service à la personne.
Vers quelles solutions ?
Face à ces tensions, les efforts doivent se concentrer sur la formation, l’adaptation des parcours professionnels et l’attractivité des métiers dits "en tension". Les données de France Travail révèlent une carte des priorités locales pour l’action publique, mais aussi pour les entreprises, les branches professionnelles et les acteurs de l’emploi. L’anticipation devient le maître-mot.
Conclusion: L'enquête BMO 2025 souligne la nécessité d'adapter les politiques de formation et d'orientation professionnelle pour répondre aux besoins spécifiques du marché du travail en Bourgogne-Franche-Comté. Une meilleure adéquation entre l'offre et la demande d'emploi est essentielle pour réduire les tensions identifiées.