Alors que Shein est annoncée à Dijon, quel est son impact écologique en France ?

L’enseigne Shein, souvent critiquée pour son modèle ultra low-cost, doit ouvrir prochainement une boutique à Dijon. Alors que la date exacte d’ouverture reste incertaine, l’entreprise Greenly, spécialiste de l’empreinte carbone, partage ce lundi 8 décembre une étude chiffrée sur l’impact environnemental du géant chinois en France. En sachant que la première boutique physique a ouvert à Paris en novembre.

Un rapport qui jette une lumière crue sur le coût climatique de chaque commande passée sur le site, et qui tombe à pic à l’approche de l’implantation dijonnaise.

Transport aérien, livraison maritime ou achat en magasin : des bilans très différents

Selon les données recueillies par Greenly, Shein réalise environ 29 millions de commandes par an en France. Or, l’impact environnemental d’une commande varie radicalement selon le mode d’acheminement choisi. L'étude préssente trois scénarios.

Scénario 1 : Envoi aérien direct depuis la Chine

C’est l’option la plus polluante. Une commande expédiée par avion depuis l'entrepôt de Foshan (Chine) jusqu’à Paris émet en moyenne 12,96 kg de CO2e, soit une empreinte 377 660 tonnes de CO2e par an pour l’ensemble des commandes françaises. La quasi-totalité de ces émissions provient du vol long-courrier Guangzhou–Paris.

Scénario 2 : Livraison depuis un entrepôt européen après transport maritime

Un modèle logistique nettement plus vertueux. En passant par un transport maritime jusqu’à Anvers, puis une distribution routière vers la France, l’empreinte chute à 1,01 kg de CO2e par commande, soit environ 29 440 tonnes par an – soit plus de 12 fois moins qu’en avion.

Scénario 3 : Achat en boutique physique, comme celle prévue à Dijon

Si le modèle en magasin n’est pas le plus économe en carbone, il reste bien moins émetteur qu’une commande par avion : 2,11 kg de CO2e par commande, soit environ 61 200 tonnes à l’échelle nationale. Ce chiffre inclut les émissions liées au transport maritime, à la logistique en Europe, aux déplacements des clients (à pied ou en métro) et à l’énergie consommée par le magasin.

Un modèle de consommation critiqué

Shein privilégie les fibres synthétiques, bien plus émettrices que les fibres naturelles. Par exemple, 1 kg d’acrylique émet 21,1 kg de CO2e, contre 16,4 kg pour du coton selon Greenly. De plus, l'étude précise que les émissions liées à la fabrication des vêtements ne sont même pas comptabilisées ici. Ce qui signifie que l’empreinte réelle serait encore plus lourde.

Enfin, Greenly note que les émissions liées aux emballages (cartons, plastiques) sont similaires d’un scénario à l’autre. Sauf dans le cas des achats en magasin, où les sacs papier ont une empreinte légèrement plus faible.

Une implantation à Dijon sous surveillance

Le BHV Marais à Paris a récemment accueilli une boutique Shein, déclenchant une vague de polémiques autour des pratiques de la marque. À la fois sur le plan social, environnemental et économique. Dans la foulée, plusieurs ouvertures annoncées en France, dont celle de Dijon, ont été reportées « de quelques jours ou semaines » par la Société des Grands Magasins, propriétaire des locaux.

Dans la capitale des Ducs, plusieurs politiques et associations se sont opposés à l'arrivée du mastodonte chinois. La date d'ouverture, elle, demeure toujours inconnue du grand public.