CHU de Dijon : Découverte d’un gène responsable d’une nouvelle affection

La direction du CHU nous a informés ce lundi de la découverte d’un gène responsable d’une nouvelle affection en mosaïque au laboratoire Génétique des anomalies du développement par l’équipe du centre de référence Maladies rares de la peau et des muqueuses d’origine génétique de Dijon.

1er octobre 2019 à 4h30 par la rédaction

Crédit : Photo dillustration K6FM

Aussitôt identifiée, une nouvelle maladie génétique de la peau déjà expliquée. Certaines affections dermatologiques dessinent sur la peau des zébrures, des volutes, des tourbillons ou des éclaboussures en jet d’eau, une disposition qui a longtemps intrigué les dermatologues et qu’ils appellent « les lignes de Blaschko ». On sait maintenant qu’elles s’expliquent par des anomalies génétiques en mosaïque. L’équipe de recherche du Pr Pierre Vabres vient d’identifier une nouvelle affection en mosaïque, jusqu’ici inconnue, caractérisée sur la peau par des bandes blanches, et a identifié le gène en cause, RHOA. Leurs résultats viennent d’être publiés dans la revue Nature Genetics.


Les affections en mosaïque, qu’est-ce que c’est ?


Un organisme en mosaïque est constitué de populations distinctes de cellules qui diffèrent entre elles par leur patrimoine génétique, du fait de mutations apparues très tôt chez l’embryon. Ce phénomène de mosaïcisme peut se manifester sur la peau de diverses façons : par des bandes blanches ou pigmentées qui suivent les lignes de Blaschko, ou par différents types de « taches de naissance » : des angiomes, des nævus, qui se disposent plutôt en nappes arrondies ou rectangulaires. Un mosaïcisme peut aussi entraîner des anomalies de croissance limitées à une partie du corps ou d’un membre ou des malformations d’autres organes, tels que le cerveau.


Les nouvelles techniques de séquençage 


Les causes génétiques de ces affections en mosaïque étaient pour la plupart restées inconnues jusqu’à ces dernières années, du fait des limites de sensibilité des techniques d’analyse. Dès 2013, le laboratoire de recherche GAD (https://www.gad-bfc.org) - composant de l’UMR 1231 INSERM et de la FHU TRANSLAD (www.translad.org), dirigé par le Pr Laurence Faivre, a été l’un des premiers en France à développer la technique du séquençage à haut débit de l’exome, grâce à l’expertise du Dr Jean-Baptiste Rivière, aujourd’hui à Montréal, pour résoudre l’énigme des maladies rares sans diagnostic, permettant d’importantes avancées dans ce domaine. Le séquençage à haut débit permet, de plus, de détecter de faibles taux de mutations dans un tissu, ce qui est particulièrement utile dans les affections en mosaïque.


Une nouvelle maladie et un nouveau gène


L’équipe du Pr Pierre Vabres, dermatologue responsable du site de Dijon du centre national de référence MAGEC (Maladies rares de la peau et des muqueuses d’origine génétique, filière FIMARAD), a ainsi identifié chez six patients un même syndrome très rare puisque jamais encore rapporté, associant une dépigmentation et une dépilation en bandes disposées le long des lignes de Blaschko, des anomalies de croissance du visage et des extrémités, et une atteinte dentaire et oculaire. Chez tous ces patients, étudiés dans le cadre du travail de thèse du Dr Arthur Sorlin, ils ont trouvé dans la peau, par séquençage à haut débit de l’exome, des mutations identiques d’un même gène, RHOA. Jamais encore ce gène de la famille des RHO-GTPases, molécules essentielles au fonctionnement des cellules, n’avait été impliqué dans une affection congénitale.